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mercredi 23 juillet 2014

Journaliste web : vers un esclavage moderne ?

J’ai récemment répondu à une annonce pour un travail de journaliste web. Le site concerné est dédié à Android, que je connais un peu, et dans le descriptif cela semblait pas mal, d’autant que le télétravail semblait envisageable.
 
J’ai donc envoyé un mail léché, avec mon CV, et j’ai été rappelé derechef.
Les conditions proposées sont bien sûr totalement illégales (je vais préciser plus loin) mais le malaise va bien plus loin :
  • 1 500 € bruts ;
  • pas de salaire, uniquement des factures ;
  • un volume de 8 x 350 mots par jour, 5 jours / semaine.
Pas étonnant que mon interlocuteur ait insisté sur la motivation et l’enthousiasme nécessaires. Je fais quelques calculs simples, et je découvre que l’esclavage est aboli mais pas disparu… Voici donc un poste qui me demande de produire en gros 2 magazines complets ou 1 livre 1/2 par mois, avec un faux salaire non chargé. Quelques chiffres ?
  • 350 mots font environ 1800 signes ;
  • 8 x 1800 signes font 14 400 signes par jour, soit environ 10 feuillets
  • une page de magazine papier fait en moyenne 2 feuillets - cela fait l’équivalent de 5 pages par jour ;
  • x20 on arrive à 100 pages de magazine par mois. Vérifiez si vous voulez, la plupart des magazines ont entre 20 et 40 pages de rédactionnel, exceptionnellement 50...
Cela représente un travail de titan. En poste avec un “haut” quota, j’étais à 20 pages / mois. En télétravail avec du remplissage rapide, je suis monté à 40 pages. Là, on parle de 100 pages. Même en écrivant très vite, et en comptant la recherche d’information, l’iconographie et l’insertion sur le site (à oui, j’oubliais, la mise en page et l’insertion sont aussi à la charge de l’esclave) on ne peut clairement pas faire tenir ça en 7 heures / jour.
Quant au prix payé, il est au tiers de ce qui se faisait de pire il y a 10 ans :
  • 1 500 € brut en facture, cela fait environ 1 125 € nets
  • on arrive à 11,25 € par page, ou 5.5 € par feuillet. 30 FF le feuillet, on croit rêver !
Le tout sans chômage, et probablement sans retraite (il faut gagner pas mal en autoentrepreneur pour y avoir droit).
J’ai bien sûr décliné l’offre. Et j’espère qu’ils ne trouveront personne pour faire leur “sale boulot”.

Remarque : c’est illégal parce que :
  • un journaliste ne peut être que salarié ;
  • en faisant autant de volume, on ne peut qu’être à 100% (plutôt 150%) dessus, il y a donc subordination, ce qui implique aussi le salariat. Un autoentrepreneur ne peut pas avoir un unique employeur.

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